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Mes années Solex

- Les années lycée -

 

Quand l'été s'en est allé, que les jours ont raccourci et que le soleil est moins brûlant, il faut songer à reprendre livres et cahiers pour s'en retourner apprendre encore un peu : l'appel du lycée le soir au fond des bois au-dessus des falaises devient oppressant.

Mais le lycée il est pas à côté, même plutôt assez loin, au coeur de la capitale régionale. Et de chez papa-maman à là-bas c'est près de 2 heures. Alors j'y suis pensionnaire et rentre à la maison tous les quinze jours : baluchon à la main pour traverser Rennes du nord à la gare, puis tortillard omnibus désservant une douzaine de gares avant Lamballe, puis ... rien ! Et c'est là que mon fidèle dextrier reprend du service.

Eh bien oui : la dernière fois que je suis arrivé là j'y suis venu en Solex depuis la maison : 37 ou 38 kilomètres, environ 1h1/4. Mais par mesure de sécurité, pour parer à tout imprévu ou à une sournoise crevaison, je prévois 1h1/2. Et quand je suis arrivé là, baluchon sur le porte-bagage, avec outils et necessaires de réparations et imper dans les sacoches, avec chiffons, bidon de carburant de secours et bouteille d'eau pour se laver les mains, quand je suis arrivé à la gare la dernière fois j'ai laissé mon dextrier au fond de la cour de l'hotel d'Angleterre en face, où les propriétaires ma laissaient gentiment, sans rien demander en échange, un petit coin pour mon solex et un cintre pour suspendre mon imper, prêts à resservir au retour 15 jours plus tard.

Alors en descendant du train je suis pressé de retrouver ma monture noire. La petite porte qui donne dans la cour, à gauche devant la voiture, un petit tour d'inspection, des pneus, du niveau d'essence, de la tension des freins. On harnache le balluchon sur le porte-bagage, et puis, selon le temps, on harnache aussi le lycéen dans son imper, sacs plastiques sur les pieds s'il pleut beaucoup, et casquette à large et profonde visière sur le crâne. Et en route mon bonhomme : te voilà reparti pour 1h1/4 de route selon le temps.

Quand il pleut beaucoup, pour éviter une profonde vallée un peu dangereuse à descendre quand l'eau ruisselle de travers sur la route gorgée de flotte, et encore plus difficile à remonter quand le galet n'adhère plus au pneu, on change de trajet, quitte à me ralonger la route de plusieurs kilomètres pour un peu moins de relief mais par de bien plus petites routes désertes.

Le retour à la maison le samedi midi ça va encore. Mais le dimanche soir, quand c'est pour repartir à la gare par ces mêmes routes désertes, l'hiver quand la nuit tombe tôt et qu'on ne voit que quelques rares lumières dans une morne campagne, c'est un peu lugubre et à peine rassurant. Mais c'est le prix à payer pour rentrer à la maison plus souvent et vivre au bord de la mer quand on n'est pas à l'école.

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